Les couleurs de Farberia
Sam 16 Nov 2024 - 17:24
Les couleurs de Farberia
En des temps anciens, les habitants de Farberia vivaient en harmonie avec la nature. Cependant, ils n’étaient pas pleinement heureux. Tous les matins, ils se demandaient comment ils allaient retrouver leur village, les bois et les prés environnants.
Le soir quand ils fermaient leurs volets, ils espéraient que pour le lendemain tout serait identique. Mais très souvent la nuit, des rires aigus en cascade résonnaient dans les rues de la petite cité. C’était le présage de grands changements, ils le savaient.
Immanquablement, le lendemain le village et la campagne avoisinante avaient un autre aspect. Les maisons, les arbres, l’herbe et les fleurs, tout avait changé de couleur. Ainsi parfois, l’herbe était rouge ou jaune, les arbres bleus ou orange, les fleurs vertes, les toits des maisons jaunes ou bleus, même les animaux arboraient de belles couleurs indigo ou violet…
Ces bouleversements n’étaient que provisoires, mais l’exaspération montait parmi la population. Les paysans n’osaient plus sortir leur bétail et leur donner de l’herbe à manger. Était-elle encore comestible, ne seraient-ils pas malades s’ils la consommaient ? Seuls les enfants s’amusaient de ces changements d’environnement et jouaient le soir à deviner de quelle couleur serait leur maison ou l’arbre planté dans le pré voisin le lendemain matin.
Qui étaient les coupables de ces fantaisies ? Les villageois décidèrent de prendre les coupables sur le fait. Une nuit, au lieu de se claquemurer dans leur demeure, un groupe de volontaires aventureux décida de monter la garde et de surprendre les fautifs.
Au beau milieu de la nuit, ils entendirent les rires moqueurs accompagnant habituellement les exactions. Ils se cachèrent sous un porche, bien résolus à attraper les mauvais plaisants. Ce qu’ils virent, ils l’expliquèrent le lendemain aux autres habitants.
Ils racontèrent qu’ils avaient vu sept farfadets qui s’amusaient à lancer des balles de couleur sur tout le village et les alentours, colorant ainsi tout ce qu’ils touchaient. Ils avaient bien essayé de les capturer, mais les petits malins étaient bien trop agiles et vifs, redoublant d’activité à l’approche des hommes. Les Farberiens tentèrent plusieurs fois de mettre fin à leurs jeux, mais sans autre résultat que l’augmentation des plaisanteries des farfadets.
Un matin, un étranger vêtu de noir fit une halte dans le village. S’étonnant des couleurs inhabituelles des végétaux et des maisons, il en demanda l’explication. L’exaspération était à son comble. Les villageois lui expliquèrent que des lutins redécoraient nuitamment tout le village et que plus ils tentaient de les arrêter, plus ces facétieux petits êtres étaient actifs. Ils ne savaient pas quoi faire pour s’en débarrasser.
L’étranger leur proposa de les libérer de leurs tourmenteurs en une semaine, en échange des couleurs vives de leur environnement. Les habitants acceptèrent, trop heureux de se débarrasser de ces farfadets espiègles.
La première nuit, l’étranger captura un petit être habillé de bleu, puis la deuxième nuit un autre paré de jaune, puis un rouge, un vert, un indigo, un orange et enfin un violet. Au fur et à mesure de ces captures, les couleurs déposées par les farfadets étaient moins nombreuses : pas de bleu le deuxième matin, pas de bleu ni de jaune le troisième…
Au bout d’une semaine, l’étranger, ayant attrapé tous les lutins, repartit avec son butin coloré, laissant les villageois reconnaissants. Enfin ils allaient retrouver leur petit pays redevenu naturel.
Quelques jours plus tard, l’euphorie de la libération retombée, les Farberiens constatèrent que leur village, leurs prés et leurs forêts étaient ternes et gris. Plus aucune couleur n’habillait la nature, même le ciel ne se départait plus de sa couleur acier.
Petit à petit, la nature s’étiola et la gaieté autrefois présente dans les foyers avait fait place à la tristesse et à la mélancolie. Plus aucune joie n’habitait le village, les animaux sauvages fuyaient cette morosité, plus aucun visiteur n’arrivait jusqu’aux portes de Farberia. Les habitants n’arrivaient même plus à trouver le courage de quitter cette grisaille, ils avaient perdu leur allant.
Le pays s’enfonça dans un ennui et une mélancolie qui semblaient ne plus devoir le quitter.
Quelques décennies plus tard, deux frères sorciers Amarelin et Azulan, passant à proximité de Farberia, furent étonnés de la tristesse émanant des lieux. Après avoir hésité un moment, ils pénétrèrent dans l’austère village. Ils furent frappés par le manque d’enthousiasme et l’apathie des habitants, même les enfants maladifs ne semblaient pas capables de jouer.
Après avoir discuté avec plusieurs personnes, ils comprirent que les farfadets avaient été capturés par le Sombre Sorcier, un magicien ténébreux qui semait le trouble et la consternation sur son passage depuis des lustres.
Les villageois n’ayant aucune envie ni le courage pour rechercher le Sombre Sorcier, les deux jeunes gens partirent vers la Montagne Noire, où ils le savaient, se trouvait son repaire. Ils espéraient, malgré toutes les années écoulées retrouver les farfadets facétieux.
Amarelin et Azulan trouvèrent son antre au bout de seulement deux jours. Tout y était sombre, obscur, déprimant. Les deux garçons virent le Sombre Sorcier partir. Dès qu’il fut un peu loin, ils pénétrèrent dans le sépulcral repaire.
Après une exploration rapide des lieux, ils trouvèrent les sept farfadets enchaînés au fond d’une grotte. Les petits êtres atones les regardèrent venir avec crainte, croyant qu’ils étaient des acolytes du Sombre Sorcier. Les farfadets avaient, semblait-il, travaillé dans une galerie de mine à l’extraction de pierres précieuses au profit de leur geôlier.
Les deux frères rompirent les chaînes des lutins. Ceux-ci d’abord apeurés et sans réaction, réalisèrent qu’ils étaient enfin affranchis de leur esclavage. Les deux garçons et les sept farfadets sortirent en hâte, et arrivèrent à s’éloigner avant le retour du Sombre Sorcier.
Ils prirent le chemin de Farberia, mais il leur fallut cinq jours pour y arriver, à cause de l'état de faiblesse extrême des farfadets épuisés par le travail éreintant qu’ils avaient fourni toutes ces années.
Les habitants du village accueillirent les deux jeunes sorciers et les farfadets avec beaucoup plus d’enthousiasme qu’ils n’en avaient eu depuis des années.
Après les explications des jeunes gens, les Farberiens s’occupèrent et soignèrent les lutins, préférant finalement leurs facéties à la tristesse de leur vie depuis leur disparition.
Les farfadets reconnaissants redonnèrent des couleurs au village et ses environs, mais promirent de respecter désormais les désirs des habitants en matière de couleur. La joie réapparaissait en même temps que les couleurs dans la vie des villageois.
À la fin de leur travail de coloration, une pluie bienfaitrice s’abattit sur le village. Mais après la pluie vient toujours le beau temps et ce fut aussi le cas ce jour-là. Les farfadets contents d’être à nouveau libres et en pleine santé, lancèrent tous en même temps une balle de couleur. Ces balles suivirent la même trajectoire et le soleil les éclaira de belle façon faisant naître un magnifique arc de cercle lumineux multicolore.
N’oubliez jamais quand vous verrez un arc-en-ciel qu’il est un cadeau de reconnaissance de farfadets malicieux pour les hommes qui prennent soin d’eux et qu’il apporte de la joie dans la grisaille du quotidien.
En des temps anciens, les habitants de Farberia vivaient en harmonie avec la nature. Cependant, ils n’étaient pas pleinement heureux. Tous les matins, ils se demandaient comment ils allaient retrouver leur village, les bois et les prés environnants.
Le soir quand ils fermaient leurs volets, ils espéraient que pour le lendemain tout serait identique. Mais très souvent la nuit, des rires aigus en cascade résonnaient dans les rues de la petite cité. C’était le présage de grands changements, ils le savaient.
Immanquablement, le lendemain le village et la campagne avoisinante avaient un autre aspect. Les maisons, les arbres, l’herbe et les fleurs, tout avait changé de couleur. Ainsi parfois, l’herbe était rouge ou jaune, les arbres bleus ou orange, les fleurs vertes, les toits des maisons jaunes ou bleus, même les animaux arboraient de belles couleurs indigo ou violet…
Ces bouleversements n’étaient que provisoires, mais l’exaspération montait parmi la population. Les paysans n’osaient plus sortir leur bétail et leur donner de l’herbe à manger. Était-elle encore comestible, ne seraient-ils pas malades s’ils la consommaient ? Seuls les enfants s’amusaient de ces changements d’environnement et jouaient le soir à deviner de quelle couleur serait leur maison ou l’arbre planté dans le pré voisin le lendemain matin.
Qui étaient les coupables de ces fantaisies ? Les villageois décidèrent de prendre les coupables sur le fait. Une nuit, au lieu de se claquemurer dans leur demeure, un groupe de volontaires aventureux décida de monter la garde et de surprendre les fautifs.
Au beau milieu de la nuit, ils entendirent les rires moqueurs accompagnant habituellement les exactions. Ils se cachèrent sous un porche, bien résolus à attraper les mauvais plaisants. Ce qu’ils virent, ils l’expliquèrent le lendemain aux autres habitants.
Ils racontèrent qu’ils avaient vu sept farfadets qui s’amusaient à lancer des balles de couleur sur tout le village et les alentours, colorant ainsi tout ce qu’ils touchaient. Ils avaient bien essayé de les capturer, mais les petits malins étaient bien trop agiles et vifs, redoublant d’activité à l’approche des hommes. Les Farberiens tentèrent plusieurs fois de mettre fin à leurs jeux, mais sans autre résultat que l’augmentation des plaisanteries des farfadets.
Un matin, un étranger vêtu de noir fit une halte dans le village. S’étonnant des couleurs inhabituelles des végétaux et des maisons, il en demanda l’explication. L’exaspération était à son comble. Les villageois lui expliquèrent que des lutins redécoraient nuitamment tout le village et que plus ils tentaient de les arrêter, plus ces facétieux petits êtres étaient actifs. Ils ne savaient pas quoi faire pour s’en débarrasser.
L’étranger leur proposa de les libérer de leurs tourmenteurs en une semaine, en échange des couleurs vives de leur environnement. Les habitants acceptèrent, trop heureux de se débarrasser de ces farfadets espiègles.
La première nuit, l’étranger captura un petit être habillé de bleu, puis la deuxième nuit un autre paré de jaune, puis un rouge, un vert, un indigo, un orange et enfin un violet. Au fur et à mesure de ces captures, les couleurs déposées par les farfadets étaient moins nombreuses : pas de bleu le deuxième matin, pas de bleu ni de jaune le troisième…
Au bout d’une semaine, l’étranger, ayant attrapé tous les lutins, repartit avec son butin coloré, laissant les villageois reconnaissants. Enfin ils allaient retrouver leur petit pays redevenu naturel.
Quelques jours plus tard, l’euphorie de la libération retombée, les Farberiens constatèrent que leur village, leurs prés et leurs forêts étaient ternes et gris. Plus aucune couleur n’habillait la nature, même le ciel ne se départait plus de sa couleur acier.
Petit à petit, la nature s’étiola et la gaieté autrefois présente dans les foyers avait fait place à la tristesse et à la mélancolie. Plus aucune joie n’habitait le village, les animaux sauvages fuyaient cette morosité, plus aucun visiteur n’arrivait jusqu’aux portes de Farberia. Les habitants n’arrivaient même plus à trouver le courage de quitter cette grisaille, ils avaient perdu leur allant.
Le pays s’enfonça dans un ennui et une mélancolie qui semblaient ne plus devoir le quitter.
Quelques décennies plus tard, deux frères sorciers Amarelin et Azulan, passant à proximité de Farberia, furent étonnés de la tristesse émanant des lieux. Après avoir hésité un moment, ils pénétrèrent dans l’austère village. Ils furent frappés par le manque d’enthousiasme et l’apathie des habitants, même les enfants maladifs ne semblaient pas capables de jouer.
Après avoir discuté avec plusieurs personnes, ils comprirent que les farfadets avaient été capturés par le Sombre Sorcier, un magicien ténébreux qui semait le trouble et la consternation sur son passage depuis des lustres.
Les villageois n’ayant aucune envie ni le courage pour rechercher le Sombre Sorcier, les deux jeunes gens partirent vers la Montagne Noire, où ils le savaient, se trouvait son repaire. Ils espéraient, malgré toutes les années écoulées retrouver les farfadets facétieux.
Amarelin et Azulan trouvèrent son antre au bout de seulement deux jours. Tout y était sombre, obscur, déprimant. Les deux garçons virent le Sombre Sorcier partir. Dès qu’il fut un peu loin, ils pénétrèrent dans le sépulcral repaire.
Après une exploration rapide des lieux, ils trouvèrent les sept farfadets enchaînés au fond d’une grotte. Les petits êtres atones les regardèrent venir avec crainte, croyant qu’ils étaient des acolytes du Sombre Sorcier. Les farfadets avaient, semblait-il, travaillé dans une galerie de mine à l’extraction de pierres précieuses au profit de leur geôlier.
Les deux frères rompirent les chaînes des lutins. Ceux-ci d’abord apeurés et sans réaction, réalisèrent qu’ils étaient enfin affranchis de leur esclavage. Les deux garçons et les sept farfadets sortirent en hâte, et arrivèrent à s’éloigner avant le retour du Sombre Sorcier.
Ils prirent le chemin de Farberia, mais il leur fallut cinq jours pour y arriver, à cause de l'état de faiblesse extrême des farfadets épuisés par le travail éreintant qu’ils avaient fourni toutes ces années.
Les habitants du village accueillirent les deux jeunes sorciers et les farfadets avec beaucoup plus d’enthousiasme qu’ils n’en avaient eu depuis des années.
Après les explications des jeunes gens, les Farberiens s’occupèrent et soignèrent les lutins, préférant finalement leurs facéties à la tristesse de leur vie depuis leur disparition.
Les farfadets reconnaissants redonnèrent des couleurs au village et ses environs, mais promirent de respecter désormais les désirs des habitants en matière de couleur. La joie réapparaissait en même temps que les couleurs dans la vie des villageois.
À la fin de leur travail de coloration, une pluie bienfaitrice s’abattit sur le village. Mais après la pluie vient toujours le beau temps et ce fut aussi le cas ce jour-là. Les farfadets contents d’être à nouveau libres et en pleine santé, lancèrent tous en même temps une balle de couleur. Ces balles suivirent la même trajectoire et le soleil les éclaira de belle façon faisant naître un magnifique arc de cercle lumineux multicolore.
N’oubliez jamais quand vous verrez un arc-en-ciel qu’il est un cadeau de reconnaissance de farfadets malicieux pour les hommes qui prennent soin d’eux et qu’il apporte de la joie dans la grisaille du quotidien.
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum